Moi, je ne suis pas un mouton, bêêê

Anne-Françoise Meulemans

Anne-Françoise Meulemans

Addictions, Adultes, Bien-être au travail, Écoles, Famille - Parentalité, Relations amoureuses et couples, Seniors, Soignants

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On entend souvent dénigrer l'autre ou plutôt les autres en les qualifiant de moutons . Le pluriel objéifie, et la métaphore animale disqualifie. Ils ne sont plus tôt à fait humains, une sorte de croisement funeste entre l'huile et le mouton.

En cette période de covid , on a beaucoup brandi l'étendard de la liberté, en dénonçant l'autre comme mouton. L'autre veut dire celui qui ne pense pas comme nous.

Ce dérapage n'est pas propre à la pandémie, il touche tout débat, toute discussion, quand la raison démissionne, et que le besoin d'appartenir au groupe qui a raison l'emporte, un besoin affectif d'appartenance, besoin de se reconnaitre dans le troupeau de ceux qui dénoncent les autres de moutons.

Quand l'argument disparait, on s'attaque aux personnes: Argumentum ad personam.

On parlait en son nom, on joue une révolution qui n'a que nous comme héros, on passe sur l'avant scène comme seul dénonciateur, seule personne lucide, qui sait, qui parle au nom de tous les autres... et qui défendrait 'la' liberté.

Penser tout simplement, avec l'humilité du doute et du questionnement, c'est plutôt tant mieux.. Mais proclamer d'entrée de jeu sa différence, se définir par rapport aux moutons et en faire un argument, c'est plutôt tant pis.

On sent le regard de ce sage autoproclammé qui du haut de son rocher observe les mouvements de troupeaux de ces pauvres moutons écervelés, heureux de cette ivresse que lui procure ce sentiment d'être plus libre que les autres, cad d'exister un peu plus que les autres.

Il se définit par rapport au troupeau, où la pensée de l'individu est niée, il est l'individu face à un groupe, une masse informe.

Lors de la pandémie, il y avait comme un goût de la "révolution française - le retour" avec le même sens romanesque, le même romantisme de ce héros solitaire, romantisme un peu éculé avec les années, voire les siècles.

Rien de très moderne dans le discours: Faire résonner les clairons à défaut de faire claironner la raison.
Combien de personnes se sont présentées soudainement porteuses de l'étendard de la liberté alors que rien ne les démarquait particulièrement dans leur discours.

N'est pas marginal qui veut, n'est pas sorcière qui veut.

La différence est une conclusion non une introduction.

On déduit d'un raisonnement sa singularité et ne la met pas en titre de son discours.

La différence émerge, questionne, amène un mouvement de pensée qui la reléguera d'ici peu dans les coulisses de pensées plus avancées.

L'humilité de la différence, qui sait que celle ci n'est qu'une étape, éphémère, une question qui amène à la question suivante.

Dénoncer l'autre de mouton?

Ne sommes-nous pas tous des moutons d'une manière ou l'autre, à un moment de notre vie?

Et plutôt que de dénoncer l'autre, ne vaut il mieux pas se questionner soi, sur ses propres vérités, ses affirmations, ses convictions.

Accepter notre partie moutonneuse et puis... la détricoter.

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