Le service d'orientation comme deuxième pas vers le changement

Claire-Anne Toubeau

Claire-Anne Toubeau

Qualité de vie, Trauma, Seniors, Soignants, Burnout, stress et harcèlement, Adultes, Famille - Parentalité

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Il y a pléthore d'écoles en psychothérapie, chacune rêve d'aboutir à un modèle achevé et validé pour son efficacité. La tendance est donc de combiner les écoles entr' elles : la plupart des thérapeutes se reconnaissent une orientation "éclectique", et certaines écoles proposent une formation en psychothérapie intégrative. Pourtant, cet éclectisme a aussi ses dérives: à trop vouloir intégrer et combiner, l'originalité du modèle initial se dissout .Et finalement, il s'agit du rêve du thérapeute et non du souci du patient. Quand on sait par ailleurs que non seulement "le changement" découle bien plus de la relation de confiance et de " l'alliance" entre le patient et le thérapeute , mais que de surcroît, l'efficacité d'une technique spécifique dépend aussi de son utilisateur, de sa personnalité, de ses repères contextuels, de ses valeurs, de ses croyances, l'impact des techniques comme élément provoquant le changement semble trop souvent surestimé. Tout comme le thérapeute lui-même choisira une école où certains traits de sa personnalité pourront plus facilement s'exprimer , une école qui correspond aussi à ses propres croyances et repères socio-politico-économiques. L'idéal serait de tenir dans le même respect que les nôtres les théories des autres: cela nous permettrait de mieux percevoir les limites de nos propres modèles et leur pregnance sur nous" écrivait Mac Dougall J. en 1988 dans la Revue Française de Psychanalyse ( Quelles valeurs pour la psychanalyse? , Revue Française de Psychanalyse, 52, 585-612). C'est en effet déjà un premier pas.

Le deuxième serait de proposer d'emblée au patient la technique spécifique qui lui correspond le mieux. C'est ce que nous mettons en place à CentrEmergences à travers le service d'orientation , avec nos propres limites aussi. Car cela demande de repérer assez rapidement et justement le profil du patient et, afin de ne pas l'influencer, mettre de côté nos propres croyances et convictions, et enfin, une connaissance suffisante du "modèle de base" de chaque discipline ou école. Cela implique aussi un travail en réseau: toutes les grandes écoles ne sont pas représentées dans les différents CentrEmergences et nous ne devons pas hésiter à orienter le patient dans un réseau plus large que celui du centre. Mais il s'agit d'agir là sur les quelques pourcents impliqués dans la possibilité du changement : l'accueil, l'écoute active, le non -jugement permettent aussi de rendre adéquate l'orientation. Pour les orientatrices, cela amène à cette "humilité " toujours plus authentique, une posture certes quelque peu difficile et tellement enrichissante!

Le troisième réside dans le travail d'équipe, les intervisions entre thérapeutes d'orientations différentes, les échanges directs ou informels sur les pratiques respectives dans le respect pour la pensée de l'autre. Cela amène chaque intervenant à la prise de conscience de la diversité des modes d'aide, et là encore à cette belle et véritable humilité : reconnaître à la fois sa légitimité et les limites de son modèle...Accepter de ne pas tout accepter est certainement facilité par l'orientation vers un collègue qui n'aura pas les mêmes limites. Nous avons pris le pari que cette organisation structurelle nous amène chacun vers plus de confort et d'ouverture d'esprit, ce qui en soi est aussi un gage de professionnalisme.

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